March 2025 Association de vidangeurs et chercheurs unissent leurs forces au Niger | A sanitation worker association and research team join forces in Niger Sterenn Philippe, consultante pour WaterAid, soutien à ISW, notamment pour l’étude au Niger | Sterenn Philippe, Consultant, WaterAid/ISW
March 2025 Association de vidangeurs et chercheurs unissent leurs forces au Niger | A sanitation worker association and research team join forces in Niger Sterenn Philippe, consultante pour WaterAid, soutien à ISW, notamment pour l’étude au Niger | Sterenn Philippe, Consultant, WaterAid/ISW
La recherche ne se limite pas à la connaissance—elle a pour but de créer un impact. Au Niger, des chercheurs et des travailleurs de l’assainissement unissent leurs forces pour traduire les données en actions concrètes, améliorant ainsi leurs conditions de travail et leur reconnaissance. Découvrez comment la recherche a un impact immédiat pour ceux qui sont en première ligne de l’assainissement. ************** Research isn't just about knowledge—it’s about making a difference. In Niger, researchers and sanitation workers are joining forces to turn data into action, improving working conditions and securing well-deserved recognition. Discover how research is making an immediate difference for those on the front lines of sanitation.
Après un an de collaboration entre l'Association des Acteurs de la Filière de Boues de Vidange (AAFBV) et l’équipe de recherche en écologie, santé et environnement de l’Université André Salifou (UAS), dans le cadre de l'Initiative pour les Travailleurs de l’Assainissement (ISW), j’ai eu le plaisir d’échanger avec Dr. Zakari Mahamadou Mounir, Maitre de Conférences, chercheur principal de l’équipe de l’UAS, et M. Kimba Yerima Ibrahim, Président de l’AAFBV, pour faire le bilan de cette première collaboration.
Tout a commencé par une demande de l’AAFBV : réaliser une étude visant à cartographier les acteurs de la filière boues de vidange, identifier les défis du métier de vidangeur et analyser les forces et faiblesses de l’association. Pour répondre à cette demande, l’équipe de recherche de l’UAS a mené une synthèse bibliographique, une enquête auprès de 456 personnes (vidangeurs mécaniques et manuels, services techniques), ainsi que des observations de terrain.
L’étude vient de se terminer, et l’université a partagé le rapport final. Quelles sont les conclusions les plus importantes que vous en retenez ?
Mr. Kimba : Beaucoup d’acteurs de la filière boues de vidange ne connaissent toujours pas l’association, malgré les efforts médiatiques déployés. C’est un vrai défi : comment aller à leur rencontre, les intégrer et leur donner une place dans les prises de décision ? Ce besoin de visibilité concerne autant ceux de la capitale que ceux en région. Mieux partager l’information et renforcer la communication sera essentiel pour améliorer les services à la population.
Autre point marquant : la stigmatisation des vidangeurs. On savait que c’était un problème, mais l’étude montre qu’il est encore plus présent que prévu. Il est urgent d’agir pour changer les mentalités et donner plus de reconnaissance à ces travailleurs essentiels.
Enfin, une découverte surprenante : un vidangeur en situation de handicap moteur exerce ce métier. C’est rare et cela met en lumière la diversité des profils dans ce secteur. Mieux comprendre leurs réalités et leurs parcours nous aidera à mieux les soutenir.
Après un an de collaboration, qu'est-ce que vous pensez être les principaux avantages de travailler ensemble entre un institut de recherche et une association de travailleurs de l'assainissement ?
Dr. Zakari : Pour nous, chercheurs, cette collaboration facilite considérablement l'accès au terrain et aux données spécifiques, comme le contact avec les vidangeurs, ce qui serait difficile à obtenir seuls. Elle nous permet également de mener des recherches-actions, où les résultats sont directement applicables et utiles à l'association. De plus, la diffusion et l'utilisation de nos résultats sont mieux assurées grâce aux réseaux de l'association.
Mr. Kimba : Il y a une véritable complémentarité entre la recherche et les vidangeurs. Grâce à cette collaboration, nous pouvons tirer parti des connaissances des chercheurs pour développer des solutions durables et rationnelles, et ainsi améliorer nos conditions de travail. Elle nous permet également de mieux nous connaître en tant qu’association.
Quels conseils donneriez-vous à d'autres associations qui veulent mener des recherches avec une université ou un institut de recherche ?
Mr. Kimba : Je les conseillerais fortement de travailler avec les instituts de recherche, car il y a une très grande complémentarité. Mais pour cela, il faut s’ouvrir et essayer de trouver des partenaires qui peuvent accompagner les associations dans cette démarche, car la recherche a un coût. Même si l'association n'a pas les moyens de financer entièrement la recherche, il est important de chercher activement des partenaires qui peuvent faciliter cette collaboration.
Et quels conseils donneriez-vous aux instituts de recherche qui souhaitent mener des études sur l’assainissement, et plus précisément sur le thème des vidangeurs?
Dr. Zakari : Il faut reconnaître que l'assainissement est souvent un domaine négligé, mais crucial pour le développement. Heureusement, les universités de la région s’y intéressent de plus en plus. Il ne faut pas se laisser décourager par les difficultés d’accès aux données – au contraire, c’est une occasion de créer de vrais partenariats avec les associations de vidangeurs. L’important, c’est d’avoir une approche tournée vers des solutions concrètes et pratiques, pas juste un exercice académique.
Cette collaboration a été une réussite. D'après vous, quels ont été les éléments clés de ce succès ?
Dr. Zakari : Pour nous, un element cles de ce succès a été l'ouverture et la disposition de l'association à fournir les informations dont les chercheurs avaient besoin. Lorsqu'ils savent que quelque chose n'est pas à leur disposition, ils font l'effort de chercher ailleurs ou nous orientent vers les bonnes sources. Il faut comprendre que chacun fait face à des difficultés et qu'il est important de s'entraider au maximum. C'est essentiel, car lorsque vous travaillez ensemble, la confiance mutuelle et le respect sont primordiaux. C'est un élément clé de notre collaboration.
Un autre aspect important est l'intérêt et la soif de l'association d'aller plus loin, d'améliorer ses pratiques et de s'inscrire dans une dynamique d'amélioration continue. Cela rend la collaboration encore plus forte. Nous partagions le même désir de comprendre et de réussir. Cette vision commune, cette ambition partagée, ont créé un véritable soutien mutuel. Nous nous sommes soutenus, accompagnés dans les moments de difficulté, aidés les uns les autres. C'est ce qui a fait de cette collaboration un modèle de coopération.
Mr. Kimba : Un facteur clé du succès de cette collaboration a été de travailler avec des chercheurs et un institut de recherche qui, dès le départ, nous ont respectés et rassurés. Ils ont toujours été transparents et ont compris que notre objectif était de mieux comprendre le secteur pour y apporter des solutions efficaces. Ce respect et cette approche ont été essentiels. Je l’ai constaté à travers les rapports qu’ils nous ont fournis : ils n'ont rien caché. Là où des problèmes existent, ils nous l'ont clairement montré, tout en nous rassurant et en nous orientant vers des pistes de solution. Ce degré de transparence et d'honnêteté a véritablement renforcé notre collaboration et en a fait une expérience très enrichissante.
Quelles sont les prochaines étapes de cette collaboration ou de l'étude ?
Dr. Zakari : Cette étude n'est qu'un début. Il reste encore plusieurs aspects à explorer pour adopter une approche plus holistique et inclusive. Son principal objectif était d’établir un état des lieux. Maintenant que ce diagnostic est posé, il est essentiel de passer à l’action avec des mesures concrètes et des études plus approfondies sur des enjeux spécifiques, comme la construction de stations de vidange dans chaque chef-lieu de région.
Parmi les prochaines étapes, l’une des priorités sera d’accompagner l’association dans la mise en œuvre des recommandations. La professionnalisation du secteur est un enjeu clé, et il est crucial de soutenir l’association dans ce processus. Comme on dit, comprendre les problèmes, c’est déjà 50 % de la solution.
Mr. Kimba : Pour moi, c'est le début d'une belle aventure. En tant qu’association, nous voulons poursuivre cette collaboration fructueuse pour explorer des sujets essentiels comme la stigmatisation, la professionnalisation du métier, ainsi que la santé et la sécurité des travailleurs. L’aspect environnemental est également un enjeu majeur. Continuer ce partenariat entre l’institut de recherche et l’association est donc crucial pour faire avancer concrètement les défis de l’assainissement dans le pays.
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After a year of collaboration under the Initiative for Sanitation Workers (ISW), I had the privilege of speaking with two key figures involved in this partnership: Dr. Zakari Mahamadou Mounir, Associate Professor and lead researcher from the ecology, health, and environment team at André Salifou University (UAS), and Mr. Kimba Yerima Ibrahim, the President of the Niger Association of Actors in the Fecal Sludge Management Sector (AAFBV). Our discussion provided a valuable opportunity to reflect on the progress made and the future direction of this collaboration.
It all started with a request from AAFBV to conduct a study aimed at (1) mapping the stakeholders in the fecal sludge management sector, (2) identifying the challenges faced by emptiers, and (3) analyzing the strengths and weaknesses of the association. To meet this request, the UAS research team carried out a literature review, a survey of 456 people (including mechanical and manual emptiers as well as technical services), and field observations.
What are the key takeaways from the study?
Mr. Kimba: One big challenge we found is that many people working in fecal sludge management still don’t know about our association, despite our outreach efforts. So the question is—how do we reach them, bring them in, and ensure their voices are heard in decision-making? This isn’t just an issue in the capital; it’s a challenge across the country. Strengthening communication and sharing information more effectively will be crucial to improving sanitation services.
Another key point revealed by the study is the stigmatization of emptiers. While we knew this was an issue, the findings show that the stigma is even deeper than we anticipated. It is therefore urgent to take action to change mindsets and fully recognize the essential work of these workers.
And one surprising discovery—a pit emptier with a physical disability works in the profession. That’s rare, and it highlights how diverse this workforce is. Better understanding their realities and journeys will help us support them more effectively.
After a year of working together, what do you see as the biggest benefits of this collaboration between a research institute and a sanitation workers' association?
Dr. Zakari: For us, as researchers, this collaboration significantly facilitates access to the field and specific data, such as contact with the emptiers, which would be difficult to obtain on our own. It also allows us to conduct action research, where the results are directly applicable and useful to the association. Lastly, the dissemination and use of our results are better ensured thanks to the association’s networks.
Mr. Kimba: There is a real complementarity between research and emptiers. Through this collaboration, we can leverage the researchers’ knowledge to develop sustainable and rational solutions, thereby improving our working conditions. It also helps us better understand ourselves as an association.
What advice would you give to other associations looking to work with a university or research institute?
Mr. Kimba: I would strongly advise them to work with research institutes, as there is a great complementarity. However, for this to happen, they need to be open and try to find partners who can support the associations, because research comes at a cost. Even if the association cannot fully finance the research, it is important to actively seek partners who can facilitate this collaboration.
And what advice would you give to researchers interested in studying sanitation, especially emptiers?
Dr. Zakari: We must recognize that sanitation is often a neglected field, but it is crucial for development. Fortunately, universities in the region are becoming more and more interested in it. One should not be discouraged by the difficulties in accessing data – on the contrary, it is an opportunity to create real partnerships with the fecal sludge emptiers' associations. The important thing is to have an approach focused on concrete and practical solutions, not just an academic exercise.
This collaboration has been a success. In your opinion, what made it work so well?
Dr. Zakari: For us, a key element of this success was the openness and willingness of the association to provide the information that researchers needed. When they know something is not available to them, they make the effort to search elsewhere or direct us to the right sources. It's important to understand that everyone faces challenges, and it’s crucial to help each other as much as possible. This is essential because when you work together, mutual trust and respect are paramount. This has been a key element in our collaboration.
Another important aspect is the association's interest and drive to go further, improve its practices, and engage in a process of continuous improvement. This has made the collaboration even stronger. We shared the same desire to understand and succeed. This common vision, this shared ambition, created genuine mutual support. We supported each other, stood by each other during difficult moments, and helped one another. This is what made this collaboration a model of cooperation.
Mr. Kimba: A key factor in the success of this collaboration was working with researchers and a research institute who, from the outset, respected and reassured us. They have always been transparent and understood that our goal was to better understand the sector in order to bring effective solutions. This respect and approach were essential. I saw it through the reports they provided us: they didn’t hide anything. Where problems existed, they clearly showed us, while reassuring us and guiding us toward potential solutions. This level of transparency and honesty truly strengthened our collaboration and made it a very enriching experience.
What’s next for this partnership?
Dr. Zakari: This study is just the beginning. There’s still a lot to explore if we want a more holistic and inclusive approach. Our first goal was to assess the current situation. Now that this diagnosis has been made, it is essential to take action with concrete measures and more in-depth studies on specific issues, such as the construction of fecal sludge treatment plants in each regional capital.
Among the next steps, one of the priorities will be to support the association in implementing the recommendations. Professionalizing the sector is a key challenge, and it is crucial to support the association in this process. As the saying goes, understanding the problem is already half the solution.
Mr. Kimba: For me, this is the beginning of a beautiful journey. As an association, we want to continue this fruitful collaboration to explore essential topics such as stigmatization, professionalizing the profession, as well as the health and safety of workers. The environmental aspect is also a major concern. Continuing this partnership between the research institute and the association is therefore crucial to making tangible progress on the sanitation challenges in the country.