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June 2025 Petit investissement, grand impact : comment les vidangeurs au Burkina Faso ont transformé une petite subvention en un changement durable. Alidou Bande et Sterenn Philippe

June 2025 Petit investissement, grand impact : comment les vidangeurs au Burkina Faso ont transformé une petite subvention en un changement durable. Alidou Bande et Sterenn Philippe

Je m’appelle Alidou Bande, je suis vidangeur manuel au Burkina Faso et président de l’Association des Vidangeurs Manuels du Burkina Faso (ABASE).

(see the English version here)

ABASE, fondée en 2012, s’engage à améliorer les conditions de travail, la sécurité et la reconnaissance professionnelle des vidangeurs manuels à travers le pays. Depuis sa création, ABASE joue un rôle clé dans la professionnalisation des services de vidange manuelle.

De 2022 à 2025, notre association a bénéficié d’un financement flexible de l’Initiative pour les Travailleurs de l’Assainissement (ISW), destiné à renforcer nos efforts de plaidoyer et d’autonomisation. La subvention de 40 000 USD nous a offert une grande liberté d’action, nous permettant de décider de la meilleure manière d’utiliser les fonds pour répondre aux besoins et priorités de nos membres.

Aujourd’hui, je souhaite partager comment cette subvention nous a permis d’accélérer nos efforts pour relever les principaux défis au cours des dernières années. Je présenterai également nos objectifs pour l’année à venir et proposerai des pistes pour que les parties prenantes puissent soutenir notre travail visant à améliorer l’assainissement au Burkina Faso et au-delà.

Trois défis clés

Les vidangeurs manuels du Burkina Faso font face à plusieurs difficultés majeures

  1. Non-reconnaissance du métier : La vidange manuelle est rarement perçue comme un travail légitime et est souvent stigmatisée comme une activité dégradante, généralement attribuée aux communautés marginalisées. En 2019, les autorités sont même allées jusqu’à la déclarer illégale, en raison de la perception qu’elle est insalubre et associée à des pratiques dangereuses de déversement de boues. Ce manque de reconnaissance – à la fois sociale et légale – signifie que les vidangeurs sont souvent exclus des protections de base telles que la sécurité sociale, les services financiers, ainsi que l’accès à la santé et à la sécurité, les rendant particulièrement vulnérables.

  2. Problèmes de santé et de sécurité : La majorité des vidangeurs manuels travaillent sans équipement de protection individuelle (EPI) et n’ont pas accès aux vaccinations essentielles, les exposant à de graves risques sanitaires. Ils sont en contact direct avec des boues non traitées, des gaz toxiques et des déchets dangereux tels que du verre brisé, des seringues ou des objets tranchants. Même lorsque certains utilisent des EPI, ceux-ci sont souvent de mauvaise qualité – offrant peu de protection, voire créant de nouveaux dangers.

  3. Absence de stations de traitement des boues de vidange: Il n’existe aucune infrastructure de traitement ou de points de transfert adaptés pour les vidangeurs manuels, ce qui conduit au déversement incontrôlé des boues dans les champs, les caniveaux ou les espaces publics. Cette situation provoque des conflits avec les riverains et les forces de l’ordre, tout en posant de graves risques pour la santé publique et l’environnement.

Huit activités pour surmonter les défis

(Toutes les activités, à l'exception des numéros 2 et 3, ont été financées par l'ISW.)

    1.  Plaidoyer pour la reconnaissance officielle du métier : Nous avons mené des échanges avec les ministères et institutions clés, ce qui a abouti à l’adoption d’un décret le 17 août 2023 reconnaissant officiellement la vidange manuelle.

    2. Élaboration des cahiers de demande d’autorisation : Nous avons participé à des ateliers visant à concevoir les documents nécessaires pour l’obtention des autorisations d’exercer la vidange manuelle. Une fois finalisés, l’ABASE accompagnera les vidangeurs dans la soumission de leurs demandes auprès des autorités compétentes. Ces autorisations permettront de légaliser notre activité, de faciliter le suivi des prestataires de services de vidange par les municipalités et de renforcer la collaboration entre les deux acteurs.

    3. Étude de faisabilité pour les stations de transfert : Nous avons contribué à une étude de faisabilité menée avec l’ONEA, la commune de Ouagadougou et d’autres partenaires, qui a permis d’aboutir à un consensus sur la création de trois stations de transfert à Ouagadougou, très attendues par les vidangeurs.

    4. Cartographie des vidangeurs manuels : Nous avons identifié 120 vidangeurs à Ouagadougou, 55 à Bobo-Dioulasso et 40 à Koudougou, ce qui a permis d’élargir l’adhésion à l’association et d’améliorer la compréhension du besoins des vidangeurs.

    5. Développement d’un manuel de bonnes pratiques : Ce document, élaboré en collaboration avec l’Association des Vidangeurs du Faso, sert de base pour des formations et des campagnes de sensibilisation.

    6. Voyage de sensibilisation en Côte d'Ivoire : J’ai rencontré des vidangeurs à Abidjan, Yamoussoukro et Bouaké, contribuant à la reconnaissance officielle d’associations de vidangeur dans les villes de Yamoussoukro et Bouaké.

    7. Renforcement des capacités des vidangeurs : Nous avons formé 131 vidangeurs sur les risques du métier et l’importance de la formalisation en Groupements d’Intérêt Économique (GIE). À la suite de cette formation, la majorité s’est organisée en équipes de 2 à 3 membres, le format typique pour ce type d’activité.
    8. Participation à des émissions radio et TV : J’ai partagé mon expérience de vidangeur manuel à quatre émissions sur Savane FM, Omega FM, Omega TV et Green TV, touchant un large public au Burkina Faso et même à l’international.

Deux Objectifs Clés Après la Subvention

  1. Programme de formation professionnelle officiel : Cette année, notre priorité est de consolider les acquis du plaidoyer mené grâce à la subvention ISW, notamment autour de la reconnaissance du métier de vidangeur manuel. Après avoir obtenu cette reconnaissance légale — une étape majeure — nous avançons désormais vers la mise en place d’un programme officiel de formation professionnelle, en partenariat avec le CEMEAU, le bras formateur de l’ONEA (l’Office National de l’Eau et de l’Assainissement) et WaterAid Burkina Faso. Ce certificat représenterait une avancée cruciale pour la professionnalisation du secteur et de nos membres.
  2. Plan d’affaires : La fin du financement de l’ISW a mis en lumière la nécessité pour l’ABASE de diversifier ses sources de financement afin d’assurer sa pérennité. En réponse, nous élaborons un plan d’affaires quinquennal axé sur le renforcement de notre autonomie financière et l’identification de nouvelles opportunités de financement. Ce plan constitue une étape essentielle vers une organisation plus résiliente et capable d’avoir un impact durable sur les conditions de travail des vidangeurs manuels au Burkina Faso.

Quatre Recommandations pour Nous Soutenir

  1. Soutien financier : L’association recherche des financements durables de la part des bailleurs, investisseurs et autorités publiques afin de capitaliser sur les acquis de l’ISW et poursuivre ses actions essentielles en matière de plaidoyer, de formalisation, de développement économique, de santé et sécurité, ainsi que de formation professionnelle — avec pour objectif final d’assurer sa pérennité.

  2. Acquisition d’équipements de protection individuelle (EPI) : L’ABASE souhaite collaborer avec les parties prenantes, notamment les partenaires techniques du secteur de l’assainissement, afin de faciliter l’accès à des EPI adaptés et de qualité.

  3. Campagnes de sensibilisation : L’association a besoin de soutien pour sensibiliser les ménages à la vidange manuelle, afin de renforcer la reconnaissance et la dignité de ce métier. Un appui des pouvoirs publics dans l’éducation des populations serait particulièrement utile.

  4. Recherche et innovation : L’ABASE recherche des partenariats avec des universités pour développer des équipements modernes, conçus pour répondre aux besoins spécifiques des vidangeurs manuels.